Comment je vous dis quoi lire, quoi aller voir, quoi...

Harry Potter and the Half Blood Prince

Contrairement à d’habitude, j’ai attendu que la moitié de la planète soit allée voir le dernier Harry Potter avant d’y aller moi-même. Ce qui fait que j’avais été largement prévenue: encore une fois, le bouquin en prend plein la tête. Je m’attendais donc à râler dans mon pop-corn et effectivement, c’est ce qui s’est produit.

David Yates n’est pas fait pour réaliser les Harry Potter et pourtant, il s’obstine. D’une façon tout à fait extraordinaire, il a l’art de ne pas voir ce qui compte dans les livres et de présenter les choses d’une façon tout à fait navrante. Avec lui, c’est triste, la magie n’est plus aussi magique. Tout ce qui semble compter à ses yeux, à vrai dire, ce sont les amours naissantes des héros et on peut dire qu’il ne se gêne pas pour en rajouter. Dans le bouquin déjà, c’était pénible, là... Il y avait tout de même des choses plus intéressantes!

Au rayon des choses qui passent à la trappe sans qu’on sache pourquoi, le fameux mystère de l’identité du Prince de Sang Mêlé. Ce n’est qu’à la toute fin du film que soudain, Severus Rogue se décide à balancer « Je suis le Prince de Sang Mêlé » sans plus d’explication, avant de tourner les talons. Si vous n’avez pas lu les bouquins et que vous n’avez donc rien compris, tant pis pour vous. Le film aurait tout autant pu s’appeler « Harry Potter et ses copains sont des ados comme les autres », parce qu’au final, c’est plutôt ça qui ressort de ces 2h30.

Certaines scènes totalement inutiles ont été rajoutées. Apparemment, c’était plus classe de faire exploser le Terrier à grand renfort d’effets spéciaux. C’est vrai, dans le livre, tout se passe tellement bien, le monde est tellement merveilleux et les gens tellement gentils qu’il fallait bien y remédier. Je suis restée sidérée devant l’incapacité de Yates à rendre l’ambiance du livre. Ce qui est intéressant dans le tome 6, c’est l’angoisse qui étreint le monde magique et les évéments funestes qui se produisent un peu partout, mais toujours d’une façon insidieuse. Dans le film, on a droit à des Mangemorts qui volent (ça, je ne m’en remets pas) et qui détruisent carrément le Millenium Bridge de Londres (parce que le pont de Brockdale du livre (qui n’existe pas), ça n’en mettait pas assez plein les mirettes). Bref, on ne fait pas dans le feutré, vous l’aurez compris. Enfin si, parce que tout de même, on remarquera que les Mangemorts rentrent peinards dans le château et ne se battent avec personne. Ils se contentent de descendre Dumbledore et de se sauver bien vite, non sans un ultime moment de violence insoutenable où Bellatrix Lestrange casse la vaisselle de la Grande Salle, la vilaine. Le petit millier d’élèves et de profs se sont apparemment terrés dans un placard à balai, histoire de lui laisser le champ libre.

Bref, vous l’aurez compris, ne vendez jamais les droits d’un bestseller à la Warner Bross, ils en feront n’importe quoi. Et c’est bien dommage, car certaines scènes sont très réussies d’un point de vue visuel (la grotte de l’horcruxe, l’orphelinat...), si l’histoire avait été respectée, c’eût été encore mieux.

Un petit mot sur les acteurs pour finir. Rupert Green joue très bien les ahuris transis d’amour, par contre, plus le temps passe et plus Emma Watson a l’air de ne servir à rien, c’est affligeant. Daniel Radcliffe n’a pas changé, toujours la même tête de branleur, on a régulièrement envie de lui mettre des claques, mais on a aussi envie de baffer Harry dans les bouquins, alors... Celui qui m’a vraiment bluffée, c’est Tom Felton. Dans le tome 6, Drago est beaucoup plus intéressant que d’habitude, parce que cette fois, il a quelque chose à faire, à savoir, tuer Dumbledore. Et il n’a pas vraiment le choix, puisque son père est tombé en disgrâce aux yeux de Voldemort. Il est donc déchiré entre ce qu’il veut faire et ce qu’il doit faire, tout ça, ça met un peu la pression quand même. Tom Felton s’en sort plus que bien pour rendre ce côté seul et torturé de Drago; sans compter qu’il a un physique de méchant au poil et un très joli costard. Bref, à côté des autres, il a la classe.

Un nouvel opus décevant donc, tout comme l’était les deux précédents. Moins pire que La coupe de feu, à égalité avec L’Ordre du Phénix. Je regrette vraiment Alfonso Cuaron, lui avait su faire une adaptation réussie du Prisonnier d’Azkaban.

Enfin, une question qui me turlupine, si vous avez la réponse, ne vous gênez pas:

Qu’est-ce que David Yates a contre les elfes de maison?

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Ice Age III

Un nouvel opus de l’Age de Glace, c’est comme Noël, ça s’attend avec une certaine impatience. Cependant, quand on arrive au moment fatidique du numéro 3, on ne peut s’empêcher de craindre la bouse nullissime. Rares sont les films capables de présenter une trilogie potable du début à la fin.

Personnellement, je trouve que ce qui devait arriver est finalement arrivé: l’Age de Glace III n’est pas aussi réussi que les autres. On sent l’essoufflement, certains personnages ont perdu de leur relief, comme Diego et Manny qui ne sont plus vraiment drôles. Mais heureusement, Sid persiste et signe, c’est toujours un crétin réjoui. Quant au petit nouveau, Buck, il nous réserve de beaux morceaux de bravoure dans le registre de l’aventurier psychotique.

Ce qui continue de fonctionner: certains moments du film sont vraiment très très drôles, surtout ceux qui concernent les mésaventures de Scrat (qui cela dit en passant, est toujours victime d’une lose cosmique); il y a toujours des répliques qui tuent et des passages de gags en cascade. Le problème, c’est que ce qui fait le lien est franchement plutôt lâche. Nous en arrivons donc à ce qui ne fonctionne plus très bien: l’histoire. Le grand thème de l’Age de Glace, tout le monde a dû finir par le comprendre, c’est la famille et surtout la façon improbable dont certaines familles se forment, en privilégiant les liens affectifs, parce que ce qui compte c’est qu’on s’aime et blablabla et le qu’en-dira-t-on on s’en fout, un mammouth peut très bien être copain avec un tigre, puisqu’on vous dit que si. Et dans le I et le II, ça marchait bien. On agrandissait petit à petit le clan en faisant régulièrement le plein de dingos ramassés en chemin. Hélas, ce qui devait...

Pourquoi fallait-il qu’ils se reproduisent?

Je vous rassure tout de suite, je parle ici de Manny et Ellie, n’allez pas imaginer des unions plus qu’improbables, bande de dégoûtants.

Alors je sais bien que le pauvre Manny a été traumatisé parce qu’il a perdu sa mammouthesse et son petit et que ce serait bien de lui redonner une famille histoire de faire style la boucle est bouclée. N’empêche que. Le thème de la paternité/maternité/famille (au sens traditionnel cette fois) est tellement omniprésent qu’à la fin on n’en peut plus. Même Scrat est éclaboussé, le pauvre. C’est finalement sur ce point que le film peine et, en ce qui me concerne, déçoit. Il a fallu que les scénaristes remettent les choses dans l’ordre: une famille, ça reste un papa, une maman et des enfants, on peut éventuellement y coller des pièces rapportées, mais quand même.

Donc voilà, l’Age de Glace III reste un bon film, mais il est temps d’arrêter. Sauf si les réalisateurs veulent faire un spin-off avec Scrat, parce qu’au fond, c’est lui le meilleur.
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Quantum of solace

Avant, je n’aimais pas James Bond. Mais alors là, vraiment pas. J’aurai donné n’importe quoi pour le voir mourir, étranglé entre les cuisses d’une James Bond girl vicieuse, ou passé dans un broyeur à voiture (mais sans l’Aston Martin, parce que ce serait du gâchis).

Puis il y a eu l’arrivée de Daniel Craig et de la nouvelle mouture de James Bond. Et depuis, je dois avouer que j’éprouve une certaine affection pour ce héros brutal, brouillon, teigneux, branleur, absolument pas communicatif, qui fait mourir à peu près tout ce qu’il touche. On est loin des James Bond proprets, blindés de gadgets, collectionneurs de voitures et de minettes de luxe.

Je trouve que physiquement, Craig est intéressant. Visage taillé à la serpette, yeux bleu canard WC, blond, alors que généralement, ce sont les méchants Russes qui sont blonds... Ca change des savonettes brunes.

En ce qui concerne le dernier opus, Quantum of solace, le bilan est mitigé. Le film m’a plu, parce qu’il met encore plus l’accent sur ce que j’aime dans ce James Bond là: action bordélique, héros cradingue et peu soigneux (première scène= première Aston Martin bousillée, premier costume Tom Ford bon pour la poubelle), pas de gagdets idiots, bagarres brutales, cadavres en pagaille... Mais malheureusement, l’histoire n’a pas vraiment d’existence. L’idée était bonne, mais tout va à une telle vitesse qu’à la fin, on se rend compte que le bordel ambiant cache un scénario anorexique. La James Bond girl est nullissime et je me demande bien combien Ford a pu mettre sur la table, pour que la dernière Ka figure dans le film (a quoi ça sert de faire une deuxième voiture aussi moche que la Fiat 500?)

Le méchant est malsain avec sa tête de merlan maladif et son larbin frère Tuck est très rigolo. L’idée du trafic d’eau est très contemporaine, mais c’est un tel point de détail dans le film que ça aurait pu être n’importe quoi d’autre. Dans l’ensemble, les idées sont sous-exploitées, de même que les personnages. James Bond traverse les 106mn du film avec un air implacable, il tue tout ce qu’il trouve sur sa route, jusqu’à une espèce de révélation bidon : se venger, ça sert à rien. Wouah! Tout ça pour ça.

Bref: je n’attendais qu’un divertissement et je l’ai eu. Mais je suis déçue, dans le sens où il aurait été tout à fait possible d’optimiser plein de choses sans trop de problème. Casino Royale était plus fun.

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Bayeux

Il y a quelques temps de cela, je suis allée passer un après-midi à Bayeux, en compagnie d’une mignonne petite guide dévouée, décidée à remédier au fait que je n’avais jamais visité cette ville. Et elle a eu bien raison. C’était vraiment charmant! Avant d’aller voir la fameuse tapisserie de Bayeux, j’en ai profité pour voler l’appareil photo de ma Bikette et prendre quelques clichés.

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His Dark Material

Chaque année, je profite de l’été pour avaler des bouquins qui n’ont rien à voir avec le boulot. Au fil du temps, j’ai donc lu Tolkien, Rowling, Pratchett, Abnett... bref, vous l’aurez compris, des gens plus fun que Kant.

Cette année, en allant faire un tour chez France Loisirs, je suis tombée sur l’édition intégrale de A la Croisée des Mondes, de Philip Pullman. Je savais que j’avais un nombre incalculable de bouquins hypersérieux à lire, mais sur son étagère, celui-là me faisait furieusement de l’oeil. Donc j’ai craqué. Dans ce bas monde, deux choses peuvent me faire sortir ma carte bleue sans réfléchir: les chaussures et les livres.

1025 pages. Du sérieux. Pour une fois, je me suis interdite de comportement compulsif. Hors de question de le lire en trois jours, en oubliant de manger et de dormir. Rationnement obligatoire. Mais 1025 pages, quand on aime ce qu’on lit, ce n’est finalement pas grand-chose. Ma lecture est donc déjà terminée (j’ai réussi à la répartir sur 3 semaines, à raison de deux livres en une et le dernier réparti tant bien que mal sur les deux autres, ahem, je suis incorrigible.)

Que dire donc, de ce livre? Tout d’abord qu’il m’a vraiment bien plu. Pullman n’est pas le plus grand écrivain du monde (d’ailleurs lui-même se refuse le titre d’écrivain), mais il écrit tout de même assez bien. Ou alors le traducteur fait des miracles, je ne sais pas. Enfin bon. A la Croisée des Mondes est une histoire qui se lit bien. On est entraîné, on a envie de savoir, de comprendre. Au fil des pages, on se laisse prendre par les talents de conteurs de Pullman. Et du talent, il en faut pour écrire 1025 pages sans ennuyer le lecteur!

Ma mention spéciale va à l’idée de base de l’auteur, qui est excellente. Très originale, elle révolutionne le concept des univers multiples en lui donnant un soubassement scientifique tout à fait surprenant. Au final, on a envie de dire: pourquoi pas? L’imagination de Pullman est certes fertile, mais pas délirante. On peut la suivre. Le résultat est une implication du lecteur qui passe comme une lettre à la poste. On est dedans avant même d’avoir compris ce qui se passait.

On retrouve des ingrédients communs à la fantasy: univers multiples, créatures fantastiques, objets magiques, prophétie... Mais étrangement, tout est décrit d’une façon que je ne peux que nommer scientifique, et qui nimbe le récit d’un réalisme tout à fait surprenant. Je suis fascinée par l’originalité du concept de la Poussière, qui parvient à produire une thèse d’une grande cohérence.

Les personnages sont intéressants, différents des héros classiques qu’on attend dans ce type de récit. Et par-dessous tout, la présence des daemons s’impose comme l’élément formidable de ce livre. Très accessoirisés dans le film, ils ont dans le récit une importance capitale. Et on finit par se plaire à rêver qu’un jour, on aura un daemon nous aussi!

Je sais qu’on a reproché à Pullman d’être un fou furieux anticatholique. Une fois ma lecture achevée, je ne peux qu’exprimer ma satisfaction. Le dogmatisme religieux, l’obscurantisme, l’hypocrisie et la peur de la différence en prennent pour leur grade. Si certains se sentent visés, je dirai: tant mieux! Pullman ne vise pas spécialement LA religion catholique, il les vise toutes dans leurs défauts.s

Au final, malgré des défauts qu’on peut difficilement reprocher à quelqu’un qui a forgé une oeuvre aussi énorme, A la Croisée des Mondes est vraiment un livre à lire. A côté, le Monde de Narnia devient de la petite bière!
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The Dark Knight

Généralement, on considère que les histoires de superhéros n’intéressent que les garçons. Personnellement, quand j’étais enfant, j’adorais les comics des X-Men et je voulais être Tornade. Les autres superhéros m’étaient assez indifférents. A la fois parce que c’était toujours des hommes et parce que leurs superpouvoirs me paraissaient vraiment too much.

Depuis quelques années, les films adaptés de comics célèbres ont la côte. Pour ma part, je n’en ai apprécié que fort peu. A croire que la plupart des réalisateurs ont a coeur de faire les films les plus kitch possible... le pire du pire étant très probablement Daredevil, qui est hors classement tellement il est épouvantable.

Les X-Men m’ont divertie, les Spiderman m’ont bien faite rire, les Quatre Fantastiques m’ont affligée, les Hellboy m’ont fait passer le temps... Dernièrement, seul Ironman avait retenu mon attention. En général, je regarde les films de superhéros avec un certain manque d’intérêt. J’ai envie de voir à quoi ça ressemble, parfois je m’amuse un peu, mais la plupart du temps, je suis déçue.

De tous les superhéros, en fait, je n’aime vraiment que Batman. J’ai toujours éprouvé une certaine fascination pour ce personnage, qui, à mes yeux, n’est pas pas vraiment un superhéros. Batman est la création d’un homme intelligent et riche, qui a décidé de faire quelque chose de ses peurs et de sa colère. Ce qui est en soi, beaucoup plus intéressant et difficile que de se contenter d’utiliser des superpouvoirs.

Des quatre films Batman, ceux qui retiennent l’intention sont bien entendu ceux de Tim Burton, Joel Schumacher ayant mis un point d’honneur à ridiculiser le personnage. Mais pour moi, le réalisateur qui a vraiment changé la donne est Christopher Nolan.

J’ai vu Batman Begins quatre fois. Et à chaque fois, je me dis: c’est comme ça que je vois Batman. C’est toujours un grand plaisir de voir une vision personnelle prendre la forme d’un film. J’attendais donc la sortie du nouvel opus, The Dark Knight, avec impatience.

Cette fois, c’est enfin fait, nous somme allés le voir cette après-midi. Et que dire, si ce n’est Waow!!!?

Le premier visionnage de la bande-annonce m’avait rendue très impatiente. On n’y voyait certes pas grand-chose, mais l’ambiance était là: crépusculaire, violente... très prometteuse donc! Ce qui m’avait surtout intriguée, c’était ce nouveau Joker incarné par Heath Ledger: vicieux, déglingué, totalement trash, très différent du Joker hystérique et haut en couleurs de Nicholson.

La vérité, c’est que si la bande annonce était alléchante, elle n’était rien à côté de ce que l’on découvre dans le film. Batman est toujours sombre, mais d’une façon différente. Il n’a plus peur, mais il hésite sur son statut, sur ce qu’il doit représenter. Et c’est ainsi qu’il bascule définitivement du côté de l’illégalité, qu’il accepte la nécessité d’être haï et poursuivi pour le bien de Gotham. Il devient donc exactement le contraire d’un superhéros classique, ce qui est l’image que j’ai toujours eue de Batman. (je ne m’attarderai pas sur le fait que Christian Bale ne m’est pas indifférent...^^) L’esthétique est parfaite, la bande sonore parfaite. Le réalisateur prend le parti de montrer que Batman n’est pas omniprésent dans la jungle mafieuse de Gotham. Un héros perdu n’est à mon sens, que plus intéressant.

Mais au-delà de Batman lui-même, il y a un bon scénario, ce qui était indispensable pour un film aussi long (2h27), et surtout, de très bons méchants. Le Joker, qui fait ses débuts dans le monde des vilains pas beaux, est véritablement bluffant. Les mauvaises langues qui attribuaient le succès du film au fait qu’Heath Legder a passé l’arme à gauche ont tort. La performance de l’acteur est fantastique, faisant du Joker une créature bien plus que dérangée. Le Joker vu par Christopher Nolan est purement et simplement méchant. Il n’a aucun motif. Il fait partie de ces personnes dont Alfred parle en disant « Certains aiment seulement voir le monde brûler ». Loin d’être un simple anarchiste, ou un gangster, il méprise l’humanité dans sa totalité. Et parce qu’à ses yeux, il n’y a rien de plus fun que le chaos, il tente de prouver que de toute façon, si on les pousse dans la bonne direction, tous les humains deviendront des monstres. Il est donc très intéressant dans sa tentative psychotique de donner au monde une leçon qui pourrait justifier son projet de destruction. Non moins intéressant est le fait que Nolan ait décidé d’abandonner l’histoire du plongeon dans le bain toxique, pour privilégier une idée plus sombre et plus réaliste: le Joker n’est pas devenu zinzin à cause de ce qui lui est arrivé, il est schizophrène. On est donc loin du sourire de clown dément de Nicholson. Le sourire de Ledger n’en est pas un. Ce sont d’épouvantables cicatrices, qui ont une origine sans cesse différente à travers les propos décousus du Joker. On retiendra que le réalisateur a gardé l’idée de Frank Miller (Dark Night) comme quoi le personnage serait le double négatif de Batman.

Enfin, un des grands moments du film est bien évidemment celui où le brave procureur Harvey Dent, considéré comme le Chevalier blanc dont Gotham avait besoin, devient Double-Face. Cet homme assoiffé de justice, mais néanmoins tricheur (il « crée » sa propre chance grâce à sa pièce porte bonheur), finit victime de son attirance pour la soit-disant moralité du hasard. Lui et sa fiancée sont enfermés avec des bidons d’essence dans deux lieux différents. Batman le sauve, mais Rachel Dawes (Dieu soit loué, ce n’est plus Kathie Holmes, mais décidément, le personnage est toujours aussi inintéressant, si ce n’est plus cette fois) finit brûlée vive. Défiguré, il décide de garder sa moitié de visage mutilée, pour mieux ressembler à sa fameuse pièce, dont une face est ternie et ébréchée. Tout comme Batman, il est motivé par la vengeance, mais la sienne est totalement destructrice. Dommage que sa carrière soit si courte cependant.

Je pourrai parler du film encore longtemps, mais la meilleure chose à faire, je pense est d’aller le voir. Il n’est pas parfait, bien entendu, mais je trouve qu’il mérite son succès public et critique.

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Beauty through ages

Histoire de me sortir un peu de mon appartement et de faire en sorte que je me sente en vacances 5mn, j’ai décidé de jouer la touriste de temps en temps.

Avec une amie, nous avons donc établi un programme de visites. Pas besoin d’aller bien loin pour voir de jolies choses: Caen et sa région sont historiquement très riches.

Nous avons donc commencé par le château de Bénouville, où se tenait une exposition sur la beauté à travers les âges, intitulée « Quand la beauté ose ».

Bénouville se trouve à 10km de Caen, immédiatement après Blainville-sur-Orne. On s’y rend très rapidement par la D515.

L’exposition est très sympa. Pas ennuyeuse, bien faite, avec un effort pour rassembler des objets de provenance Bas-Normande et ce de l’Antiquité à nos jours. Les panneaux explicatifs permettent d’apprendre des choses édifiantes sur les recettes de beauté à travers les siècles et sur l’évolution des canons de beauté (vous saurez par exemple, que Catherine de Médicis conseillait de dormir avec une escalope de veau trempée dans le lait sur le visage, afin d’atténuer les effets dévastateurs des agents blanchissants de l’époque, hautement corrosifs).

J’ai, pour ma part, surtout beaucoup aimé la multitude d’objets du quotidien de toutes les époques, extrêmement bien conservés.

Cela valait donc bien l’investissement de départ, sachant que l’entrée étudiante coûte 0,75€! De plus, nous avons pu suivre une visite guidée du château et ce sans aucun supplément (si ce n’est la petite pièce donnée à la guide, vraiment très gentille et très claire dans ses explications).

Visite guidée qui permet d’apprendre que le château de Bénouville a été conçu par un architecte néo-classique maudit, Claude-Nicolas Ledoux.

Le château en lui-même est très massif, selon la mode de l’époque. Rectangulaire, orné d’un péristyle à quatre colonnes, il est surtout intéressant pour son escalier d’honneur suspendu, véritable chef-d’oeuvre de perspective.

Il est une des rares réalisations de Claude-Nicolas Ledoux qui ait subsisté. Considéré aujourd’hui comme le précurseur du mouvement utopiste et comme un Lecorbusier avant l’heure, le protégée de Mme du Barry fut longtemps considéré comme un aliéné. Son style évoluait si vite, qu’il était quasiment impossible pour les dessinateurs de suivre ses projets, sans cesse modifiés.

Très mystique, initié à la Franc-Maçonnerie, Ledoux était littéralement obsédé par les formes naturelles, à savoir géométriques. Le château de Bénouville, d’un point de vue architectural, n’est pas incroyablement original. Mais sous son allure massive, il cache de nombreux détails qui montrent une passion extrême pour la précision et la pureté des lignes, dans le goût de l’époque pour le retour à l’antique.

Pour finir notre visite, nous avons goûté dans le parc, qui, bien que très sympathique et bien entretenu, n’a rien d’intéressant d’un point de vue paysager: pelouse et arbres, conformément au voeu de retour à la nature de l’époque.

Si donc, un week-end, vous vous trouvez désoeuvrés, n’hésitez pas à faire un tour à Bénouville. L’exposition dure jusqu’au 21 septembre.

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Wall-e

Wall-e n’est qu’un robot. Un petit robot nettoyeur abandonné sur Terre avec des milliers d’autres Wall-e. Les humains ont déserté les lieux, leur laissant la tâche de remettre en ordre des siècles de pollution à tout va. Seulement voilà, au bout des cinq ans prévus, rien n’était revenu à la normale. Alors Wall-e et ses semblables ont continué leur travail, jusqu’à ce que lentement mais sûrement, tous tombent en pièces un par un. Tous, sauf Wall-e. Depuis 700 ans, il fait son boulot. Cependant, au cours de ces quelques siècles de solitude, notre petit robot a largement eu le temps de développer une personnalité.

Et c’est ainsi que nous le découvrons au début du film. Wall-e suit sa petite routine. Il a sa maison, ses trésors, son boulot répétitif et sa blatte apprivoisée. Il aime les vieilles comédies musicales, il collectionne les fourchettes et les briquets, sans même en connaître la véritable utilité... Le problème de Wall-e, c’est qu’il est seul et qu’il s’en rend bien compte. Alors il a un rêve fou: tenir la main de quelqu’un d’autre, comme dans le film qu’il regarde sans cesse.

Je suis toujours surprise et ravie de constater que l’inventivité de Pixar ne faiblit pas avec le temps. A chaque fois, c’est une grand moment de bonheur que de découvrir leur nouvel opus. Ce dernier risque cependant de poser un problème aux parents: avec Nemo, leurs enfants voulaient un poisson clown, avec Ratatouille, un rat. Avec Wall-e, ils vont vouloir un robot. Commercialement, ça va devenir plus compliqué.

Wall-e est différent des autres Pixar. Tout d’abord parce que la première demi-heure est totalement dépourvue de dialogues. Et dans l’ensemble, le film est très peu bavard. Les images, les symboles et les sons prennent alors tout leur sens. Vraiment, Wall-e est un très beau film. D’un point de vue purement technique, Pixar a déjà fait ses preuves. Cette fois, le studio d’animation va encore plus loin, en nous montrant que si, les objets peuvent avoir une âme.

Le scénario est bon, les personnages, même secondaires (j’ai beaucoup d’affection pour Mo, le robot nettoyeur obsessionnel) sont tous étudiés et intéressants, la bande son est excellente, l’humour est toujours là et le message, très pertinent.

Les esprits chagrins diront que Wall-e est un prétexte pour un nouveau refrain écolo. Et bien oui, et alors? Ce film ne fait la morale à personne, il ne fait que raconter une histoire. Certains seront dérangés par le point de départ de cette histoire, à savoir, une planète transformée en décharge, rendue inhabitable par ses propres habitants. Mais étant donné que c’est exactement ce que le genre humain est en train de faire, je ne vois pas pourquoi on devrait se priver d’exploiter ce filon.

Par ailleurs, la critique presse est unanime, ce qui est plutôt rare. Tous s’accordent à dire que Wall-e est un film réussi, poétique et émouvant, bref, une bien belle histoire. Tous sauf bien évidemment Télérama, ce qui, a mon sens, ne peut être qu’un encouragement à aller voir ce film!

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